Christophe Cadu-Narquet

"couleur génésiaque " 

.Une si notoire et résolue absence (de couleur) cache en sa vertigineuse  vacuité un lieu étrange d'absolu mystère et d'inconnu sibyllin. Cette "abstraction" d'infini prit toute sa dimension et retrouva plus tard son évidente lucidité lors de la découverte de l'œuvre picturale   d’ Alberte Garibbo

Appréhendée comme une"quête quasi- mystique "même métaphysique elle se confronte à notre regard par l'étonnante matière noire résultant de la superposition sans cesse renouvelée de pigment pulvérisé.

Et là devant*"ces noirs d'apparat, d'une amplitude chaude, souple et soyeuse, pétrie de lumière"*l'émotion de l'insondable profondeur nous submerge.

Voyez ces toiles à micro-textures grenues d'une très grande fragilité pour ressentir la vertigineuse aspiration de l'infinitude. Confronté à ces matières captatrices de lumière"riches de substances nourricières comme travaillées et saturées en profondeur de lumière"* le regard est captivé, capturé. Il est soumis, comme en état hypnotique, devant ce *" champ d'ondes imprégné parcouru d'énergies sub­séquentes "*.

On peut sans hésiter attribuer à cette approche picturale les analogies astronomiques de "Trou noir" ou "Quasar" tant il y règne une sérénité identique à celle des photos de l'espace sidéral où l'on sent une réelle présence sans l'expliquer vraiment.

Le  plus  étonnant  dans le   texte   du poète c'est  qu'il  convoque la  lumière  pour   dire  la production de  la  plus infime ténuité. Comme si pour obtenir un noir d'une aussi grande compacité, il était évident d'en appeler à l'énergie pure. La voilà bien la  véritable   intuition  poétique  qui pressent  et  perçoit   la  magnificence  de l'univers   cosmique et son  irrépressible omniprésence énergétique.

La teneur en noir dru, épais et profond est comparable à la concentration de l'énergie spirituelle qui ne manquera pas dans ce cas particulier de référer à l'artiste. Là où tout n'est que puissance, concision et densité. Ravie de ces amas surdenses, la part poudreuse voire poussiéreuse et pulvérulente de la condition humaine, jaillit résolue et ineffable ..

 

 (*)-Verdet, André -in Alberte Garibbo - Catalogue de l' exposition -Galerie De La Salle, St. Paul, 1994.

©  Christophe Cadu-Narquet. VlI-1999.

Extrait d"'Histoires naturelles de la couleur". Notes pour une lexichromie : Le Noir"

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