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Jacques Lepage
" je notais l'inexprimable" Arthur Rimbaud " Pourquoi, me direz-vous, organiser la surface d'une toile comme il semble on le fit voici un siècle ?La question est analogue à celle pourquoi des siècles durant peignit-on des figures humaines ? La réponse réponse tombe sous le sens : elles ne fu- rent jamais les mêmes et les toiles ou les gravures de Alberte Garibbo sont dissemblables des toiles, de toutes les gravures jusqu'ici peintes ou gravées. L'identité descriptive de l’œuvre est autre. L'organisation de la surface lui appartient et affirme son authenticité. Il serait vain de redire ce que le regard sur la toile nous impose; l'ascétisme de la représentation exclut le discours. Pré- cises, volontaires, dans l'économie des moyens, les formes font impact et l'on aura remarqué leur impérieuse sobriété chro- matique : le noir, le blanc, des non-couleurs, leur négation ou leur totalité occupe toile et papier. La gravure fut un temps le royaume de Alberte Garibbo. Est-ce cela ? Mais j'aime que cette rigueur aille au-delà du contraste, qu'un filet, rouge souvent, glisse sa nervure, rouge soupçon de lyrisme et sensibilise, comme un battement de cils, la toile. Seuphor écrivit que Mondrian fut "l'innocence de l'esprit". L'esprit d'Ariel, subtil, qui ici se sensualise dans la richesse de l'épi- derme pictural, dans un équilibre fastueux. Harmonie des sphères dit-on, ici harmonie des formes,l’œuvre de Alberte Garibbo se dessine et se destine à l'enchantement sévère de l'esprit et du cœur. © Jacques Lepage Catalogue exposition 1988 Galerie « Alexandre de la Salle » Saint Paul de Vence
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